MINISTERE DES SPORTS PRIX « SPORT ET LITTERATURE AU FEMININ »

MINISTERE DES SPORTS PRIX « SPORT ET LITTERATURE AU FEMININ »

17/11/2016

Décerné à « CHAMPIONNES. Elles ont conquis l’or, l’argent, le bronze ».

Clémentine  Portier-Kaltenbach et Lorraine Kaltenbach

Editions ARTAUD.

Je voudrais tout d’abord remercier les membres du jury du Prix Sport et Littérature au féminin pour avoir distingué notre livre. Nous en sommes  très heureuses et très reconnaissantes.

Ce livre n’aurait pas pu voir le jour sans quelques « championnes » auxquelles je voudrais rendre hommage et auxquelles, reprenant le titre de notre ouvrage,  je souhaiterais décerner, bronze, argent et or…

Mais auparavant,  ce sont 2 hommes que je voudrais associer  en pensée à mon palmarès.

Non pas Tristan Bernard et Jean Giraudoux, créateur en 1948 du prix sport et Littérature et  que je salue cependant au passage.

Mais à deux autres messieurs :

Le premier, d’entre eux, c’est notre père, à Lorraine et moi-même, Pierre-Patrick Kaltenbach, disparu il y a maintenant 2 ans, le 13 mars 2014.

Il avait été dans sa jeunesse un  excellent skieur

S’il ne s’était pas dirigé vers des études classiques qui l’ont mené de la Sorbonne,  à Science po, puis à l’ENA ; il avait toutes les qualités pour faire un skieur professionnel… Il a d’ailleurs participé avec succès aux championnats de France universitaires.

Mais pourquoi l’évoquer ici ? Parce que cet amour du sport, il le devait à l’établissement scolaire, absolument exemplaire et PIONNIER en matière d’enseignement du  sport,   où il fut Interne de la  6 ème à la première : j’ai nommé,  le  RONDEAU MONFLEURY à Grenoble.

Dès 1832, le Rondeau Monfleury  organisait  déjà des Jeux Olympiques tous les 4 ans.

Or,  savez vous qui fréquenta dans sa prime jeunesse le petit séminaire de ce même Rondeau Monfleury et remporta 3 titres lors de ces Jo du Rondeau ?

Un certain  Henri Louis Rémy Didon.

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Qui était-il ? Un père dominicain qui ayant contracté le « virus du sport » au Rondeau allait devenir auprès de  son ami Pierre de Coubertin LE grand promoteur du Sport moderne.  Didon  rencontre Pierre de Coubertin en janvier 1891 ;  Coubertin est venu pour le convaincre d’organiser des jeux sportifs entre  élèves de l’école publique et de l’école religieuse.

C’est justement  à l’ occasion de ces jeux que Didon invente et fait broder sur le drapeau de l’école dont il est alors le chef d’établissement, la devise : « Citius, Altius, Fortius » (« Plus vite, plus haut, plus fort ») qui deviendra la devise officielle des Jeux Olympiques.

DIDON sera d’ailleurs présent à Athènes aux Jeux Olympiques  de 1896 à la tête d’une délégation de ses élèves où il célèbre la première « messe olympique » de l’Histoire devant 4 000 personnes.

Notre père, comme Didon, était un ancien du rondeau, comme Didon, il a été encouragé à la pratique intensive du sport et comme Didon… il est mort… un 13 mars.

Il y avait donc une certaine légitimité à  les évoquer ensemble.

VENONS EN A NOTRE PALMARES :

Médaille de bronze à notre éditrice Valérie Dumeige. C’est elle qui a eu l’idée de cet opus sur les Championnes ; il en suivait un premier, édité également chez ARTAUD,  consacré aux exploratrices et écrit par Alexandra Lapierre. Valérie  est très engagée  pour la cause des femmes. Dans son activité éditoriale et sur les réseaux sociaux où elle partage quotidiennement des infos sur cette thématique. Que soient associés dans ces remerciements, Vivien Boyer, qui en a assuré la promotion et Charlotte Bories à qui nous devons la magnifique iconographie de l’ouvrage.

– Médaille d’argent à ma sœur Lorraine, cheville ouvrière de ce livre.  Je la remercie, entre autres, d’avoir consacré tant de temps  à la recherche de quelques perles rares parmi ces femmes qui furent les premières dans leur discipline …. Pour certaines d’entre elles sur qui l’information manquait Lorraine a du faire des articles espagnols sur les premières toreras et d’autres en russe sur sa grande Chérie, Evguenia Shakovskaia, la belle princesse russe première pilote de chasse !

Enfin : Médaille d’or  bien sûr à toutes ces femmes d’exception dont nous avons croisées la route qui toutes durent faire preuve d’une force d’âme,  d’un culot,  d’un enthousiasme  à soulever les montagnes pour se lancer, malgré les moqueries et les interdits du temps dans des disciplines jusqu’alors réservées aux hommes. De Kyniska la Spartiate,  à Albertine la Hockeyeuse, en passant par Alfonsina la petite paysanne italienne sur sa bicyclette,  à Bessie, la premier aviatrice afro américaine dans les années vingt ,ou encore a KEIKo FUKUDA, seule femme 10 ème DAN de l’histoire du judo,  toutes ces femmes de tous les pays, de toutes les conditions sociales,  toutes ces grandes aïeules du sport ont chacune à leur manière servi avec humilité et noblesse la cause du sport féminin.

Notre livre n’a d’autre but que de tirer ces grandes dames de l’oubli et de leur rendre l’hommage qui  trop souvent leur fit défaut.

En 2016, la cause des femmes dans le sport  est loin d’être à ranger aux vestiaires. Pas si loin de nous, en 2010, le CIO a refusé la participation des femmes en saut à ski ! Les féministes canadiennes ont  du porter plainte pour que cette discipline soit présente à Sotchi en 2014.

Il reste des bastions à conquérir ; mais ensemble, hommes et femmes réunis,  car comme le dit un beau proverbe africain qu’auraient apprécié, Didon, Coubertin, tous les champions et championnes réunis :

« Tout seul on va plus vite… ensemble on va plus loin «